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René Daumal – A Guerra Santa
segunda-feira 30 de junho de 2025
original
Je vais faire un poème sur la guerre. Ce ne sera peut-être pas un vrai poème, mais ce sera sur une vraie guerre.
Ce ne sera pas un vrai poème, parce que le vrai poète, s’il était ici, et si le bruit se répandait parmi la foule qu’il allât parler — alors un grand silence se ferait, un lourd silence d’abord se gonflerait, un silence gros de mille tonnerres.
Visible, nous le verrions, le poète et voyant, il nous verrait ; et nous pâlirions dans nos pauvres ombres, nous lui en voudrions d’être si réel, nous les malingres, nous les gênés, nous les tout-chose.
Il serait ici, plein à craquer des multitudes des ennemis qu’il contient — car il les contient, et les contente quand il veut — incandescent de douleur et de sacrée tranquille comme un artificier, dans le grand silence il ouvrirait un petit robinet, le tous petit robinet du moulin à paroles, et par là nous lâcherait un poème, un tel poème qu’on en deviendrait vert.
Ce que je vais faire ne sera pas un vrai poème poétique de poète, car si le mot “guerre” était dit dans un vrai poème — alors la guerre, la vraie guerre dont parlerait le vrai poète, la guerre sans merci, la guerre sans compromis s’allumerait définitivement dans le dedans de nos coeurs.
Car dans un vrai poème les mots portent leurs choses.
Mais ce ne sera pas non plus discours philosophique. Car pour être philosophe, pour aimer la vérité plus que soi-même, il faut être mort à l’erreur, il faut avoir tué les traîtres complaisances du rêve et de l’illusion commode. Et cela, c’est le but et la fin de la guerre, et la guerre est à peine commencée, il y a encore des traîtres à démasquer.
Et ce ne sera pas non plus oeuvre de science. Car pour être un savant, pour voir et aimer voir les choses telles qu’elles sont, il faut être soi-même, et aimer se voir, tel qu’on est. Il faut avoir brisé les miroirs menteurs, il faut avoir tué d’un regard impitoyable les fantômes insinuants. Et cela, c’est le but et la fin de la guerre, et la guerre est à peine commencée, il y a encore des masques à arracher.
Et ce ne sera pas non plus un chant enthousiaste. Car l’enthousiasme est stable quand le dieu s’est dressé, quand les ennemis ne sont plus que des forces sans formes, quand le tintamarre de guerre tinte à tout casser, et la guerre est à peine commencée, nous n’avons pas encore jeté au feu notre literie.
Ce ne sera pas non plus une invocation magique, car le magicien demande à son dieu “Fais ce qui me plaît”, et il refuse de faire la guerre à son pire ennemi, si l’ennemi lui plaît et pourtant ce ne sera pas davantage une prière de croyant, car le croyant demande à son Dieu : “Fais ce que tu veux”, et pour cela il a dû mettre le fer et le feu dans les entrailles de son plus cher ennemi, — ce qui est le fait de la guerre, et la guerre est à peine commencée.
Ce sera un peu de tout cela, un peu d’espoir et d’effort vers tout cela, et ce sera aussi un peu un appel aux armes. Un appel que le jeu des échos pourra me renvoyer, et que peut-être d’autres entendront.
Vous devinez maintenant de quelle guerre je veux parler.
Des autres guerre — de celles que l’on subit — je ne parlerai pas. Si j’en parlais, ce serait de la littérature ordinaire, un substitut, un à-défaut, une excuse. Comme il m’est arrivé d’employer le mot “terrible” alors que je n’avais pas la chair de poule. Comme j’ai employé l’expression “crever de faim” alors que je n’en étais pas arrivé à voler aux étalages. Comme j’ai parlé de folie avant d’avoir tenté de regarder l’infini par le trou de la serrure. Comme j’ai parlé de mort, avant d’avoir senti ma langue prendre le goût de sel de l’irréparable. Comme certains parlent de pureté, qui se sont toujours considérés comme supérieurs au porc domestique. Comme certains parlent de liberté, qui adorent et repeignent leurs chaînes. Comme certains parlent d’amour, qui n’aiment que l’ombre d’eux-mêmes. Ou de sacrifice, qui ne se couperaient pour rien le plus petit doigt. Ou de connaissance, qui se déguisent à leurs propres yeux. Comme c’est notre grande maladie de parler pour ne rien voir.
Ce serait un substitut impuissant, comme des vieillards et des malades parlent volontiers des coups que donnent ou reçoivent les jeunes gens bien portants.
Ai-je donc le droit de parler de cette autre guerre — celle qu’on ne subit pas seulement alors qu’elle n’est peut-être pas irrémédiablement allumée en moi ? Alors que j’en suis encore aux escarmouches ? Certes, j’en ai rarement le droit. Mais “rarement le droit”, cela veut dire aussi “quelquefois le devoir” et surtout “le besoin”, car je n’aurai jamais trop d’alliés.
J’essaierai donc de parler de la guerre sainte.
Puisse-t-elle éclater d’une façon irréparable Elle s’allume bien, de temps en temps, ce n’est jamais pour très longtemps. Au premier semblant de victoire, je m’admire triompher, et je fais le généreux, et je pactise avec l’ennemi. Il y a des traîtres dans la maison, mais ils ont des mines d’amis, ce serait si déplaisant de les démasquer ! Ils ont leur place au coin du feu, leurs fauteuils et leurs pantoufles, et ils viennent quand je somnole, en m’offrant un compliment, une histoire palpitante ou drôle, des fleurs et des friandises, et parfois un beau chapeau à plumes. Ils parlent à la première personne, c’est ma voix que je crois entendre, c’est ma voix que je crois émettre : “je suis ..., je sais ... , Je veux..., qui me crient “Ne nous crève pas, nous sommes du même sang !”, pustules qui pleurnichent : “Nous sommes ton seul bien, ton seul ornement, continue donc à nous nourrir, il ne t’en coûte pas tellement !”.
Et ils sont nombreux, et ils sont charmants, ils sont pitoyables, ils sont arrogants, ils font du chantage, ils se coalisent mais ces barbares ne respectent rien — rien de vrai, je veux dire, car devant tout le reste, ils sont tire-bouchonnés de respect. C’est grâce à eux que je fais figure, ce sont eux qui occupent la place et tiennent les clefs de l’armoire aux masques. Ils me disent “Nous t’habillons sans nous, comment te présenterais-tu dans le beau monde ?” -Oh plutôt aller nu comme une larve !
Pour combattre ces armées, je n’ai qu’une toute petite épée, à peine visible à l’oeil nu, coupante comme un rasoir, c’est vrai, et très meurtrière. Mais si petite vraiment, que je la perds à chaque instant. Je ne sais jamais où je l’ai fourrée. Et quand je l’ai retrouvée, alors je la trouve lourde à porter, et difficile à manier, ma meurtrière petite épée.
Moi, je sais dire à peine quelques mots, et encore ce sont plutôt des vagissements, tandis qu’eux, ils savent même écrire. Il y en a toujours un dans ma bouche, qui guette mes paroles quand je voudrais parler. Il les écoute, garde tout pour lui, et parle à ma place, avec les mêmes mots — mais son immonde accent. Et c’est grâce à lui qu’on me considère, et qu’on me trouve intelligent. (Mais ceux qui savent ne s’y trompent pas : puisse-je entendre ceux qui savent !)
Ces fantômes me volent tout. Après cela, ils ont beau jeu de m’apitoyer “Nous te protégeons, nous t’exprimons, nous te faisons valoir. Et tu veux nous assassiner ! Mais c’est toi-même que tu déchires, quand tu nous rabroues, quand tu nous tapes méchamment sur notre sensible nez, à nous tes bons amis.”
Et la sale pitié, avec ses tiédeurs, vient m’affaiblir. Contre vous, fantômes, toute la lumière ! Que j’allume la lampe, et vous vous tairez. Que j’ouvre un oeil, et vous disparaîtrez. Car vous êtes du vide sculpté, du néant grimé. Contre vous, la guerre à outrance. Nulle pitié, nulle tolérance. Un seul droit : le droit du plus être.
Mais maintenant, c’est une autre chanson. Ils se sentent repérés. Alors, ils font les conciliants. “En effet, c’est toi le maître. Mais qu’est-ce qu’un maître sans serviteurs ? Garde-nous à nos modestes places, nous promettons de t’aider. Tiens, par exemple : figures-toi que tu veuilles écrire un poème. Comment ferais-tu sans nous ?”
Oui, rebelles, un jour je vous remettrai à vos places. Je vous courberai sous mon joug, je vous nourrirai de foin, et vous étrillerai chaque matin. Mais tant que vous sucerez mon sang et volerez ma parole, oh ! plutôt jamais n’écrire de poèmes !
Voyez la paix qu’on me propose. Fermer les yeux pour ne pas voir le crime. S’agiter du matin au soir pour ne pas voir la mort toujours béante. Se croire victorieux avant d’avoir lutté. Paix de mensonge ! S’accommoder de ses lâchetés, puisque tout le monde s’en accommode. Paix de vaincus Un peu de crasse, un peu d’ivrognerie, un peu de blasphème, sous des mots d’esprit, un peu de mascarade, dont on fait vertu, un peu de paresse et de rêverie, et même beaucoup si l’on est artiste, un peu de tout cela, avec, autour, toute une boutique de confiserie de belles paroles, voilà la paix qu’on me propose. Paix de vendus ! Et pour sauvegarder cette paix honteuse, on ferait tout, on ferait la guerre à son semblable. Car il existe une vieille et sûre recette pour conserver toujours la paix en soi : c’est d’accuser toujours les autres. Paix de trahison !
Vous savez maintenant que je veux parler de la guerre sainte.
Celui qui a déclaré cette guerre en lui, il est en paix avec ses semblables, et, bien qu’il soit tout entier le champ de la plus violente bataille, au-dedans du dedans de lui-même règne une paix plus active que toutes les guerres. Et plus règne la paix au- dedans du dedans, dans le silence et la solitude centrale, plus fait rage la guerre contre le tumulte des mensonges et l’innombrable illusion.
Dans ce vaste silence bardé de cris de guerre, caché du dehors par le fuyant mirage du temps, l’éternel vainqueur entend les voix d’autres silences. Seul, ayant dissous l’illusion de n’être pas seul, seul, il n’est plus seul à être seul. Mais je suis séparé de lui par ces armées de fantômes que je dois anéantir. Puisse-je un jour m’installer dans cette citadelle Sur les remparts, que je sois déchiré jusqu’à l’os, pour que le tumulte n’entre pas la chambre royale !
“Mais tuerai-je ?” demande Ardjouna le guerrier. “Paiera-je le tribut à César ?” demande un autre. — tue, est-il répondu, si tu es un tueur. Tu n’as pas le choix. Mais si tes mains se rougissent du sang des ennemis, n’en laisses pas une goutte éclabousser la chambre royale, où attend le vainqueur immobile. — Paie, est-il répondu, mais ne laisse pas César jeter un seul coup d’oeil sur le trésor royal.
Et moi qui n’ai pas d’autre arme, dans le monde de César, que la parole, moi qui n’ai d’autre monnaie, dans le monde de César, que des mots, parlerai-je ?
Je parlerai pour m’appeler à la guerre sainte. Je parlerai pour dénoncer les traîtres que j’ai nourris. Je parlerai pour que mes paroles fassent honte à mes actions, jusqu’au jour où une paix cuirassée de tonnerre régnera dans la chambre de l’éternel vainqueur.
Et parce que j’ai employé le mot de guerre, et que ce mot de guerre n’est plus aujourd’hui un simple bruit que les gens instruits font avec leurs bouches, parce que c’est maintenant un mot sérieux et lourd de sens, on saura que je parle sérieusement et que ce ne sont pas de vains bruits que je fais avec ma bouche.
Printemps 1940.
tradução
Vou fazer um poema sobre a guerra. Talvez não seja um verdadeiro poema, mas será sobre uma verdadeira guerra.
Não será um verdadeiro poema, porque o verdadeiro poeta, se aqui estivesse, e se o rumor se espalhasse pela multidão que ele iria falar —
então um grande silêncio se faria, um pesado silêncio então se inflaria, um silêncio prenhe de mil trovões.
Visível, nós o veríamos, o poeta; vidente, ele nos veria; e empalideceríamos em nossas pobres sombras, nós lhe desejaríamos por nisto ser tão real, nós os débeis, nós os chateados, nós os toda-coisa.
Ele estaria aqui, pronto a explodir dos mil trovões da multidão de inimigos que contém — porque os contém e os contenta quando quer —
incandescente de dor e da sagrada cólera, e no entanto tranquilo como um pirotécnico,
no grande silêncio ele abriria uma pequena torneira, a pequenina torneirinha do moinho de palavras,
e por aí nos soltaria um poema, um tal poema que nos tornaria verdejantes.
Isso que vou fazer não será um verdadeiro poema poético de poeta, pois se a palavra "guerra" fosse dita em um verdadeiro poema —
então a guerra, a verdadeira guerra da que falaria o verdadeiro poeta, a guerra sem piedade, a guerra sem compromissos se acenderia definitivamente no interior de nossos corações.
Pois em um verdadeiro poema as palavras portam suas coisas.
Mas isso não não será tampouco um discurso filosófico. Pois para ser filósofo, para amar a verdade mais que a si mesmo, há que estar morto ao erro, há que ter matado as traidoras complacências do sonho e da ilusão cômoda. E isto, é a meta e o fim da guerra, e a guerra apenas começou, há ainda traidores para desmascarar.
E não será tampouco obra da ciência. Pois para ser cientista, para ver e amar as coisas tal qual elas são, há que ser si mesmo, e amar se ver, tal qual se é. Há que ter quebrado os espelhos mentirosos, há que ter matado com olhar impiedoso os fantasmas insinuantes. E isto, é a meta e o fim da guerra, e a guerra apenas começou, há ainda máscaras a arrancar.
E isso não será tampouco um canto entusiasta. Pois o entusiasmo é estável quando o deus se levantou, quando os inimigos não sejam mais que forças sem formas, quando o ruído discordante da guerra retumba solto, e a guerra apenas começou, e nós ainda não atiramos ao fogo nossa cama-feita.
Isso não será tampouco uma invocação mágica, porque o mago demanda a seu deus: "Faça o que me apraz", e recusa fazer a guerra a seu pior inimigo, se o inimigo lhe agrada; e portanto isto não será uma oração de crente, pois o crente demanda da melhor maneira: "Faça o que queres" e para isto teve que meter o ferro e o fogo nas entranhas de seu mais querido inimigo, — isto que é o fato da guerra, e a guerra apenas começou.
Isso será um pouco tudo isso, um pouco de esperança e de esforço em direção a tudo isso, e isto será também um pouco um apelo às armas. Um apelo que o jogo dos ecos poderá reenviar-me, e que talvez outros entenderão.
Agora podeis adivinhar de qual guerra quero falar.
Das outras guerras — daquelas que se sofre — não falarei. Se disso falasse, isso seria literatura ordinária, um substituto, um na-falta-de, uma escusa. Como cheguei a empregar a palavra "terrível" enquanto não tinha o pelo eriçado. Como empreguei a expressão "cair de fome" enquanto ainda não havia chegado a roubar os mostruários. Como falei de loucura antes de ter tentado olhar o infinito pelo buraco da fechadura. Como falei da morte, antes de ter sentido minha língua sentir o gosto de sal do irreparável. Como alguns falam de pureza, que sempre se consideraram como superiores ao porco doméstico. Como alguns falam de liberdade, que adoram e repintam suas cadeias. Como alguns falam de amor, que só amam a sombra de si mesmos. Ou de sacrifício, que por nada se cortariam o dedo mindinho. Ou de conhecimento, que se disfarçam a seus próprios olhos. Como é nossa grande enfermidade de falar para não ver nada.
Isso seria um substituto impotente, como velhos e enfermos falam a vontade dos golpes que dão ou recebem os jovens saudáveis.
Tenho então direito de falar desta outra guerra — aquela que não se sofre somente — enquanto não está talvez irremediavelmente acesa em mim? Enquanto ainda nela estou em suas escaramuças? Certo, disto tenho raramente o direito. Mas "raramente o direito", quer dizer também "algumas vezes o dever" — e sobretudo "a necessidade", pois jamais terei muitos aliados.
Tentarei então falar da guerra santa.
Possa ela estourar de maneira irreparável! Ela se deflagra, de tempos em tempos, nunca por muito tempo. À primeira aparência de vitória, me admiro triunfar, faço o generoso, e pactuo com o inimigo. Há traidores na casa, mas têm ares de amigo, seria tão desagradável desmascará-los! Têm seu lugar junto ao fogo, suas poltronas e suas pantuflas, e vêm quando cochilo, me oferecendo um cumprimento, uma história palpitante ou engraçada, flores ou guloseimas, e por vezes um belo chapéu de plumas. Falam em primeira pessoa, é minha voz que creio escutar, é minha voz que creio emitir: "Eu sou... eu sei... eu quero..." — Mentiras! Mentiras enxertadas em minha carne, abcessos que me gritam: "Não nos arranquem somos do mesmo sangue!", pústulas que choramingam: "Somos teu único bem, teu único ornamento, continue então a nos nutrir, não te custa tanto!"
E eles são numerosos, e são encantadores, são lamentáveis, são arrogantes, fazem chantagem, fazem coalizões... mas estes bárbaros não respeitam nada — nada de verdadeiro, quero dizer, pois diante de tudo o mais, se contorcem de respeito. É graças a eles que faço figura, são eles que assumem e têm a chave do armário das máscaras. Me dizem: "Nós te vestimos; sem nós, como te apresentarias no grande mundo ?" — Ó! melhor ir pelado como um verme!
Para combater esses exércitos, só tenho uma pequenina espada, apenas visível a olho nu, cortante como uma navalha, é verdade, e muito assassina. Mas verdadeiramente tão pequenina, que a perco a cada instante. Nunca sei onde a botei. E quando a reencontro, então a acho pesada de carregar, e muito difícil a manejar, minha mortífera pequena espada.
Eu, apenas sei dizer algumas palavras, e ainda assim são gritos, enquanto eles, sabem até escrever.
Há sempre um deles em minha boca, que espiona minhas palavras quando quero falar. Ele as escuta, guarda tudo para si, e fala em meu lugar, com as mesmas palavras — mas seu sotaque imundo. E é graças a ele que me consideram, e que me acham inteligente. (Mas aqueles que sabem, nisso não se equivocam: pudesse eu escutar àqueles que sabem!)
Esses fantasmas me roubam tudo. Depois disso, com as cartas na mão apiedam-se de mim: "Nós te protegemos, nós te expressamos, nós te fazemos valer. E tu queres nos assassinar! Mas é a ti mesmo que te despedaças, quando tu nos repreendes, quando tu nos golpeias maldosamente nosso sensível nariz, a nós teus bons amigos."
E a suja piedade, com sua frieza, vem me enfraquecer. Contra vós, fantasmas, toda a luz! Que eu acenda a lâmpada, e vós vos calareis. Que eu abra um ôlho, e vós desaparecereis. Pois vós sois do vazio esculpido, do nada travestidos. Contra vocês, a guerra ao limite! Nenhuma piedade, nenhuma tolerância. Um único direito: o direito do mais ser.
Mas agora, é uma outra canção. Se sentem referidos. Então, se mostram os conciliantes.: "Com efeito, tu és o amo. Mas que é um amo sem servidores? Guarde-nos em nossos modestos lugares, prometemos ajudar-te. Tome, por exemplo: imagina que queiras escrever um poema. Que farias sem nós?"
Sim, rebeldes, um dia tornarei a pô-los em vossos lugares. Os dobrarei sob meu jugo. Os alimentarei com feno, e os escovarei todas as manhãs. Mas enquanto sugais meu sangue e roubais minhas palavras, Ó! mais vale jamais escrever poemas!
Eis a bela paz que me propõem. Fechar os olhos para não ver o crime. Se agitar da manhã à noite para não ver a morte sempre escancarada. Se crer vitorioso antes de ter lutado. Paz de mentira! Se acomodar em suas próprias baixarias, pois que todo o mundo delas se acomoda. Paz de vencidos! Um pouco de grosseria, um pouco de embriaguez, um pouco de blasfêmia, sob tiradas geniais, um pouco de mascarada, da qual se faz virtude, um pouco de preguiça e sonho, e mesmo muito se se é artista, um pouco de tudo isso, com, ao redor, toda uma confeitaria de belas palavras, eis a paz que se propõe. Paz de vendidos! E para salvaguardar esta paz vergonhosa, se fará de tudo, se fará a guerra a seu semelhante. Pois existe uma velha e segura receita para conservar sempre a paz em si: acusar sempre aos outros. Paz de traição!
Agora sabeis que quero falar da guerra santa.
Aquele que nele declarou esta guerra, está em paz com seus semelhantes, e, embora seja por inteiro o campo da mais violenta das batalhas, no fundo do fundo dele mesmo reina uma paz mais ativa que todas as guerras. E quanto mais reina a paz no fundo do fundo, no silêncio e na solidão central, mais voraz a guerra contra o tumulto das mentiras e a inominável ilusão.
Nesse vasto silêncio envolto em gritos de guerra, escondido do afora pela fugaz miragem do tempo, o eterno vencedor escuta as vozes de outros silêncios. Só, tendo dissolvido a ilusão de não estar só, não está mais só em ser só. Mas estou separado dele por exércitos de fantasmas que devo aniquilar. Possa eu um dia instalar-me nessa cidadela! Sobre as muralhas, seja destroçado até o osso, para que o tumulto não entre na câmara real!
"Mas matarei?", pergunta Arjuna o guerreiro. "Pagarei o tributo a César?", perguntou o outro. — Mata, lhe foi respondido, se eres um matador. Não tens escolha. Mas se tuas mãos se envermelharem do sangue dos inimigos, não deixes uma gota comprometer a câmara real, onde espera o vencedor imóvel. — Paga, lhe foi respondido. Mas não deixes a César lançar um olhar sobre o tesouro real.
E eu que não tenho outra arma, no mundo do César, que não seja a palavra, eu que não tenho outra moeda, no mundo do César, que as palavras, falarei?
Falarei para chamar-me à guerra santa. Falarei para denunciar os traidores que alimentei. Falarei para que minhas palavras envergonhem minhas ações, até o dia onde uma paz encouraçada de trovões reinará na câmara do eterno vencedor.
E porque empreguei a palavra guerra — e essa palavra guerra não é mais hoje em dia que um simples ruído que as pessoas instruídas fazem com suas bocas, porque é agora uma palavra séria e carregada de sentido, se saberá que falo seriamente e que não são vãos ruídos que faço com minha boca.
René Daumal
Daumal
René Daumal (1908-1944)
Primavera de 1940


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