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CAHIERS DE L’HERMÉTISME

Javary : Le Tétragramme

Geneviève Javary

dimanche 20 juillet 2014

Extraits du CAHIERS DE L’HERMÉTISME.

Les kabbalistes ont travaillé sur le Tétragramme et en ont tiré d’autres noms. Ainsi par « révolution alphabétique » on peut obtenir le nom Mazpaz : selon le 22e alphabet du Sepher Iesirah « le Iod se permute en Mem, le He en Zade, le Vau en Pe, pour faire Mazpaz, Adonai Iod He Vau He » (Ibid., p. 256). Ce nom ne se trouve pas dans la Bible, il est « le symbole et le sceau du Tétragramme ineffable » et « doit être rapporté au règne de David » (Ibid.).

Par développement on peut obtenir les « 72 noms sacrés qu’on appelle Schemhamphoras formant un seul nom, c’est-à-dire le nom qui développe le très saint Tétragramme » (Ibid.).

Voici comment on procède pour trouver 72 à partir de YHWH :

"Vous aurez soin de vous souvenir que de même que le nombre de 72 provient, par proportion arithmétique, du nombre du Tétragramme, ainsi (...) En effet, comme n’importe quelle lettre hébraïque a sa valeur numérique particulière, de Iod He Vau He se produisent 72 de cette manière : Iod vaut 10, He 5, Vau 6, He 5 encore. Par l’art de l’arithmétique le tout se réunit ainsi : Iod = 10, Iod He = 15, YHW = 21, YHWH = 26. Réunissez maintenant chacun de ces nombres : 10, 15, 21, 26, vous aurez 72." (Ibid., p. 232)

On peut aussi travailler sur le Tétragramme de la façon suivante :

"Car si à partir de ces quatre lettres YHWH vous placez quatre fois Yod, et ainsi en descendant trois fois He, deux fois Vau, une fois He, vous obtiendrez la somme de 72, qui développe le nom de Dieu inénarrable et incompréhensible." (Ibid., p. 239)

On peut aussi partir des 50 portes auxquelles on ajoute les 22 lettres de l’alphabet hébreu : et l’on trouve alors la « série des 72 anges, dont on rapporte que se compose le Schem hamphorasch, c’est-à-dire ce grand nom du Dieu suprême développé » (Ibid., p. 226). Entre le Nom ineffable et sa création les kabbalistes ont placé des intermédiaires. On se sert « d’espèces nombreuses et variées d’anges », pour « désigner le seul Dieu très bon et très grand », « tout comme nous désignons un prince par ses courtisans ou un général par son armée » (Ibid., p. 240). On trouve dans La Kabbale les 72 versets de psaumes (cf. p. 229, 241-246) dans lesquels on peut lire le Tétragramme et le nom d’un des 72 anges. Ce sont ces 72 anges qui assistèrent Moïse au moment de la sortie d’Egypte ; il faut compter parmi eux les deux anges préposés aux colonnes de nuée et de feu. Cet « ange de la nuée », parfois assimilé à la Sekina, représente en fait « maints autres anges princes de l’univers » (p. 229).

Une multiplication, bien kabbalistique, permet encore de trouver ce nombre de 72 anges :

"Etant donné que l’ange est l’altérité, comme Dieu est l’identité, et que la première altérité est le binaire, nous conjecturerons justement que de la multiplication du binaire est né le nombre des anges. La multiplication cubique du binaire se fait ainsi : 2 fois 2 au carré, le produit est 8, premier cube. Si vous distribuez les 8 anges en 9 chours, vous aurez 72, autant que 8 multiplié par 9." (Ibid., p. 239)

Il existe aussi un nom de 42 lettres. Les 42 caractères « sont dits un seul Nom, parce qu’ils ne signifient finalement qu’une seule chose » (Ibid., p. 288). Il s’agit d’un assemblage de plusieurs noms « qui s’embrassent entre eux » (Ibid.). Reuchlin nous propose cette fois une division « pour découvrir ce Nom à la façon des kabbalistes » : il faut répartir « les 42 lettres en 7 mots, puis chacun d’eux en deux petits mots » de 3 lettres chacun. En multipliant 6 par 7 on retrouve effectivement 42 ! (Ibid., p. 291.) Voici quelques-uns de ces mots : SGTBMA, SGTTKZ, MYTAZB, etc. Craignant d’être soupçonné de magie, Reuchlin nous avertit qu’en définitive la puissance de ce nom n’est pas différente de celle de Dieu : « la vertu de ce présent Nom de 42 lettres, son action, sa vigueur, son efficace, son achèvement, sa perfection dépendent de la voix de Dieu » (Ibid., p. 293). Sa recherche se poursuit « par toutes les connexions des alphabets », et il prend pour exemple le premier alphabet de permutation du Iezirah, ce qui donne TDL, GNB, TDL, LAQ, etc.

On peut aussi pratiquer 12 transpositions à partir du Tétragramme, sans porter atteinte à la stabilité de ce dernier. Mais on ne saurait aller au-delà, « car tout ce qu’on trouverait ne désignerait rien d’autre que l’essence. En voici les symboles : YHWH, YHHW, YWHH » etc. (Ibid., p. 265). « Ces douze noms sont tenus pour un seul nom chez les kabbalis-tes et comme signifiant une seule chose, quoiqu’ils soient 12 moyens pour l’exposer » (Ibid.).

Il y a un autre nom de 12 lettres, qui est une substitution d’origine rabbinique et n’est pas à proprement parler dû à des calculs kabbalisti-ques, c’est le fameux Ha Qadosh Baruk Hu, c’est-à-dire le Saint béni soit-il, plus généralement écrit en abrégé HQBH. Il fallait éviter de profaner le Tétragramme et de s’en servir à des fins magiques (Ibid., p. 295).