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PERSONNE ET ACTE
Wojtyla : La connaissance de la personne fondée sur l’expérience de l’homme
Karol Wojtyla
samedi 2 août 2014
Extrait de « PERSONNE ET ACTE »
« Mise hors parenthèse » de la problématique éthique
S’il s’agit en tout cela du rapport qui existe entre anthropologie et éthique, on peut le concevoir — suivant un procédé utilisé en mathématique — à la manière de la mise d’un terme hors de la parenthèse. On met devant la parenthèse les éléments d’une opération mathématique qui, de quelque façon, se retrouvent dans tous les autres éléments et sont communs à tout ce qui reste dans la parenthèse. La mise hors parenthèse a pour objet de faciliter les opérations, et non de rejeter ce qui est mis devant la parenthèse, et non plus de rompre les liens entre ce qui est devant la parenthèse et ce qui se trouve dans la parenthèse. Bien au contraire, cette opération d’exclusion souligne plus encore la présence et la signification de l’élément détaché dans l’ensemble de l’opération. A ne pas le mettre devant la parenthèse, il resterait caché parmi les autres éléments de l’opération. Par cette exclusion, il est mis en évidence et bien visible [4].
De même le problème « personne-acte », qui resterait comme impliqué dans l’éthique traditionnelle, peut apparaître plus pleinement, si nous considérons l’éthique comme mise devant la parenthèse, non seulement dans sa réalité propre, mais encore dans cette réalité si riche que constitue la morale humaine.


[4] Le fait de se référer à la procédure méthodologique utilisée en mathématique peut bien illustrer en quel sens et dans quelles limites nous comptons nous servir, en cette étude, de la « mise hors de la parenthèse ». Il s’agit d’exclure la problématique essentiellement éthique au profit de la problématique essentiellement anthropologique. En revanche, il n’est pas question de ce type d’exclusion caractéristique de la méthode phénoménologique d’Edmond Husserl, l’exclusion de l’essence par rapport à l’exister actuel (épochè). Cette étude n’est pas conçue selon les présupposés de la stricte méthode eidétique. En même temps, il importe à son auteur, et cela depuis le début jusqu’à la fin, de comprendre l’homme comme personne, c’est-à-dire aussi de définir l’ « eidos » de l’être humain.