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PERSONNE ET ACTE
Wojtyla : La connaissance de la personne fondée sur l’expérience de l’homme
Karol Wojtyla
samedi 2 août 2014
Extrait de « PERSONNE ET ACTE »
La valeur morale de l’acte révèle la personne de façon plus profonde que ne le fait l’acte lui-même
Il a été dit plus haut pourtant que l’éthique présuppose essentiellement la personne eu égard aux actes auxquels revient immédiatement la valeur morale. Dans la présente étude, au contraire, nous désirons aller dans la direction opposée. Les actes sont des moments particuliers de l’aperception — et donc de la connaissance empirique de la personne. Ils constituent en quelque sorte le point de départ le plus approprié pour comprendre son essence dynamique. Et la valeur morale comme propriété intime de ces actes nous amène de façon encore plus déterminée à cette compréhension. Les valeurs morales ne nous intéressent pas ici pour elles-mêmes — c’est là justement le thème de l’éthique — mais, en revanche, nous intéresse au plus haut point le fait de leur advenir dans des actes, leur fieri dynamique. C’est lui, en effet, qui, plus profondément et plus fondamentalement encore que l’acte même, nous révèle la personne.
Grâce à cet aspect de la morale — qu’on pourrait aussi nommer dynamique ou bien existentiel — nous pouvons comprendre encore plus profondément l’homme envisagé comme personne. Et c’est là justement l’objet de nos investigations dans cette étude. C’est pourquoi, puisant consciemment à l’expérience intégrale de l’homme, nous ne pouvons en aucune façon nous couper en elle de l’expérience des valeurs morales. L’expérience morale, dans son aspect dynamique ou existentiel, est d’ailleurs partie intégrante de l’expérience de l’homme, qui — comme nous l’avons vu — constitue pour nous, dans son ampleur, le solide fondement de la compréhension de la personne. L’expérience morale doit nous intéresser particulièrement, car les valeurs morales — le bien et le mal — constituent non seulement la propriété intime des actes humains, mais ont encore ceci pour elles que l’homme, considéré justement comme personne de par ces actes moralement bons ou mauvais qui sont les siens, devient lui-même bon ou mauvais. Envisageant donc la chose de façon dynamique ou existentielle, on peut dire qu’aussi bien au point de départ de ces valeurs qu’à leur point d’arrivée se manifeste la personne. Elle se manifeste plus encore, plus pleinement que par le seul acte « pur ». Il semble d’ailleurs qu’il serait artificiel de séparer l’acte humain des valeurs morales, que cela détournerait notre attention de sa pleine dynamique.

