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Le Royaume inconnu
Wion : LE PRETRE-JEAN DANS LES MURS DU VATICAN
Frida Wion
samedi 2 août 2014
Extrait de « Le Royaume inconnu »
Pour la première fois on entend parler de ce roi. — Alexandre III reçoit une lettre de ce personnage et en accuse réception. — Un médecin-diplomate : Maître Philippe.
L’histoire racontée par l’évêque de Gabula à Otto von Freisingen avait fait long feu, elle était loin des esprits surtout de celui d’Alexandre III, qui se trouvait à ce moment sur le trône pontifical, lorsqu’en 1177, il reçut une lettre signée d’un roi de Tartarie, du nom de « Prêtre-Jean ».
Cette lettre, la première et la seule de ce roi, sera le point de départ d’une aventure historique extraordinaire, d’une énigme jamais déchiffrée.
Son auteur qui se disait « Roi tout-puissant sur tous les rois du monde » s’adressait au Pape et aux rois de l’Europe.
Durant deux siècles elle occupa les esprits et eut des répercussions politiques, économiques, géographiques et religieuses. Et quoique nous puissions penser en ce XXe siècle, elle fut l’objet d’une publicité à l’échelle européenne.
Mais depuis 1177 certains historiens sont venus nous dire que cette lettre n’existe pas, que ce n’est qu’un faux, d’autres nous disent qu’elle n’est qu’une copie. Mais fausse ou non, nous avons la preuve que de nombreuses copies ont été faites de cette missive royale.
Qui, au Moyen Age, aurait pensé à envoyer un faux à un Pape et à un roi de France ? Pour quelle raison ? Faux ou non, elle fut adressée au Roi de France et à l’Empereur de Rome. Là commence un point obscur, qui pouvait être dans l’esprit de l’expéditeur, l’Empereur de Rome, était-ce le Pape ou l’Empereur Frédéric Barberousse qui se disait encore empereur d’Allemagne et d’Italie. De toute façon, elle parvint dans les mains du Pape.
Nous ne savons pas quelles furent les réactions du Souverain Pontife à la lecture de ce monument d’incohérence, car dans un style emphatique et prétentieux, ce Roi, inconnu jusqu’alors, se révélait aux rois en activité, en parlant de sa puissance et de sa richesse, de la faune et de la flore de son sol, de ses sujets les plus variés, allant des pygmées aux géants, dotés de formes et de dons les plus extraordinaires. De plus, ce roi qui ne péchait pas par excès de modestie se déclarait : « Roi tout-puissant sur tous les rois du monde ».
A cette lettre aberrante, le Pape répondit. Il dépêcha pour ce faire son médecin particulier Maître-Philippe, nanti d’une petite escorte.
Depuis 1145, moment où pour la première fois le nom de Prêtre-Jean fut noté dans les archives vaticanes, Otto von Freisingen avait fait de nombreux voyages en Syrie accompagnant Frédéric Barberousse. En profita-t-il pour se renseigner plus posément sur ce monarque, ou bien s’en désintéressa-t-il, nul ne le sait, car dans aucune de ses notes de voyage il n’en parle.

