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Le Cantique des Cantiques

Vulliaud : Le Cantique des Cantiques

Paul Vulliaud

lundi 4 août 2014

Extrait de « Le Cantique des Cantiques »

Les théories kabbalistiques peuvent être l’objet de traductions intellectuelles ou produire de très poétiques suggestions, inspirer des pratiques devenues un peu naïves, mais sanctifiant l’acte de la fructification par son idéalisation. La théologie amoureuse peut faire sourire ou engendrer des pensées corrompues. Etant donné le point de départ, c’est-à-dire les rapports des énergies divines ad intrà et les relations de ces énergies avec le monde, décrits sous la fiction du mariage, on a soit quelque poème, le Cantique des Cantiques, soit l’exposé scholastique de la théorie symbolisée. Louryah par exemple. On sait que, par les termes de père, époux, fils, mère, fille, fiancée, épouse, etc., la Kabbale exprime des rapports qui ont un synonyme dans le langage abstrait. Ainsi la « face » désigne en réalité l’« intérieur » relativementau« dos » qui désigne réellement l’ « extérieur » des êtres. Il était donc possible d’exprimer les mêmes notions en dégageant son vocabulaire de toute métaphore naturaliste. C’est ce qu’ont fait les Kabbalistes du XVIe siècle. Molitor, qui les a suivis de près, reproduit ainsi la doctrine des « visages » et des « dos ». Ce profond mystique n’invente rien, et c’est son mérite, il continue les maîtres de la Kabbale moderne, quand il dit : « L’intérieur dans la Kabbale est également appelé Panim (visages), ou encore l’élément activement masculin, le côté antérieur ; le côté extérieur, au contraire, est appelé l’Ahour (postérieur), ou encore le côté respectivement féminin ou actif avec le signe « moins ». Dans la créature, c’est le dernier élément qui l’emporte, par suite celle-ci se comporte par rapport à la Divinité, comme quelque chose de féminin... D’après la Kabbale, toute vie dans les êtres, la vie spirituelle comme la vie physique, repose sur la compénétration (sivoug) des deux activités opposées du masculin et du féminin, provenant de l’unité androgyne. » Et Molitor ajoute cette réflexion : « A notre avis, la vieille doctrine kabbalistique du masculin et du féminin est la théorie la plus profonde qui ait jamais été énoncée en un temps quelconque sur cet objet. »