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Œuvres de Ruysbroeck
Ruysbroeck : L’essence de l’âme
Trad. de l’Abbaye de Saint Paul de Wisques.
dimanche 7 décembre 2008
Extrait des Œuvres de Ruysbroeck sur le site « Ruysbroeck l’admirable ».
LE LIVRE DE LA PLUS HAUTE VÉRITÉ
Or c’est ainsi que Dieu est toujours dans l’essence de l’âme. Lorsque les puissances supérieures rentrent en elles-mêmes, avec un amour actif, elles sont unies à Dieu sans intermédiaire, en une connaissance simple de toute vérité, un sentiment et un goût essentiels de tout bien. C’est dans l’amour essentiel que l’on possède cette connaissance et cette expérience simples de Dieu, et c’est au moyen de l’amour actif qu’on les exerce et entretient. Aussi cette connaissance et cette expérience dépassent-elles les puissances qui s’y exercent, à cause du retour intérieur qui vient expirer dans l’amour ; mais elles sont essentielles à l’essence et demeurent toujours en elle. Voilà pourquoi nous devons toujours faire retour dans l’amour et ainsi nous renouveler en lui, si nous voulons trouver l’amour par l’amour. Saint Jean nous l’apprend lorsqu’il dit : « Celui qui demeure dans l’amour, demeure en Dieu et Dieu en lui . » Toutefois, quoique cette union entre l’esprit aimant et Dieu soit sans intermédiaire, il demeure cependant entre eux une grande différence. Car ni la créature ne devient Dieu, ni Dieu ne devient créature, comme je l’ai dit plus haut à propos du fer et de l’air. CHAPITRE VIII
Cependant la créature ne devient pas Dieu, car cette unité n’existe que moyennant la grâce et l’amour qui fait retour à Dieu : et c’est pourquoi la créature sent une différence et une distinction entre elle et Dieu, dans sa contemplation intime ; et quoique cette union soit sans intermédiaire, les œuvres innombrables que Dieu opère au ciel et sur terre n’en sont pas moins cachées à l’esprit. Dieu, en effet, se donne tel qu’il est à l’essence de l’âme, d’une façon clairement distincte, là où, au-dessus de la raison, les puissances sont simplifiées et portent simplement la transformation de Dieu ; là où tout est plein et surabondant, l’esprit se sentant être avec Dieu comme une vérité, une richesse, une unité cependant même là se trouve encore une tendance profonde à aller plus loin, et c’est une distinction essentielle entre l’essence de l’âme et l’essence de Dieu, distinction telle que l’on n’en peut concevoir de plus haute. CHAPITRE XI

