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EACH IS BOTH

Wei Wu Wei : le moi en tant que concept

mardi 10 avril 2018

Français

Un corps peut être attaché à des chaînes, une psyché peut être attachée par des complexes, un phénomène conceptualisé peut être attaché, c’est-à-dire se considérer comme attaché et tout peut être libéré - car « attachement » et « libération » sont aussi des concepts relatifs.

Mais rien de conceptuel ne peut attacher autre chose qu’un concept. Je ne peux être quelque chose, car je ne peux pas être conçu, alors comment pourrais-je être attaché ? La « proposition » ne peut même pas être posée - puisqu’elle n’a aucun sens.

Aucune qualification relative, quelle qu’elle soit, ne peut être posée du je purement nominatif.

Les gens pensent, et même soutiennent, qu’ils peuvent considérer le « je » comme un concept, mais ils se trompent : l’erreur est due à un abus de langage. Je ne peux pas être un concept parce que je ne peux pas concevoir ce qui est en train de concevoir. Ce que les gens conçoivent est « moi », comme ils conçoivent « vous », les deux objets, et dans les deux cas ils confondent l’objet avec le sujet, mais le sujet ne peut concevoir le sujet que comme objet - ce qu’il n’est pas et ne peut jamais être.

Cet exemple simple explique le mécanisme de la fausse notion qui est conçue comme « attachement » et qui n’est rien moins que confondre un objet conceptuel et relatif, un « moi » phénoménal, pour le moi nouménal et absolu.

Je suis notoirement invulnérable simplement parce que rien dans la phénoménalité conceptuelle ne peut atteindre quoi-je-suis puisque je suis déjà tout ce qu’il est ! Il n’y a pas deux objets impliqués qui pourraient s’influencer.

De plus, comment des objets phénoménaux étendus dans l’espace-temps conceptuel pourraient-ils atteindre un contact avec ce qui est sans espace et sans temps ? Pour établir un contact, deux objets sont nécessaires et seuls les objets sont étendus dans l’espace-temps.

Les objets sont des manifestations phénoménales à l’esprit de ce que je suis nouménalement : donc tout ce qu’ils peuvent être est ce que je suis, et ils ne peuvent pas, et n’ont pas besoin de, entrer en contact avec tout ce qu’ils sont déjà et pourraient être. Le « contact » est un concept relatif qui, comme tous les concepts relatifs, est inapplicable à l’absolu.

La notion de « moi » et de « vous » étant en quelque sorte différente ou séparée de ce qu’ils sont, ce que je suis, est intenable même dans la logique de la relativité dans les limites desquelles « nous » sommes confinés dans ces discussions.

Par conséquent, un « je » conceptualisé n’est pas moi du tout ! Et c’est parce que je suis la source et l’origine de tout ce qui semble être, y compris le processus lui-même de conceptualiser. Donc je ne peux pas être conceptualisé, puisque je ne peux pas conceptualiser ce qui conceptualise ce que je suis finalement.

Qu’y a-t-il même de « mystérieux » à propos de tout cela, de tout ce qui est si simple et si évident ? En effet et sûrement, comment et en effet, pourrait-il en être autrement ?

Original

A body can be bound with chains, a psyche can be bound by complexes, a conceptualised phenomenon can be bound, i.e. can consider itself bound, and all can be freed — for ‘bondage ’ and ‘liberation’ are relative concepts also.

But nothing conceptual could bind anything but a concept. I cannot be anything, for cannot be conceived, so how could I be bound ? The ‘proposition’ cannot even be posed — since it cannot make sense.

No relative qualification whatever can be posited of the purely nominative I.

People think, and even maintain, that they can regard ‘I’ as a concept, but they are mistaken : the error is due to an abuse of language. I cannot be a concept because I cannot conceive what is conceiving. What people conceive is ‘me’, just as they conceive ‘you’, both objects, and in both cases they confuse the object with the subject, but subject cannot conceive subject except as an object — which it is not and can never be.

This simple example explains the mechanism of the false notion which is conceived as ‘bondage’ and which is nothing less than mistaking a conceptual and relative object, a phenomenal ‘me’, for noumenal and absolute I.

I am notoriously invulnerable simply because nothing in conceptual phenomenality can reach what-I-am since I am already all that it is ! There are no two objects involved which could affect one another.

Moreover how could phenomenal objects extended in conceptual space-time achieve any kind of contact with what is space-less and in-temporal ? In order to make contact two objects are necessary, and only objects are extended in space-time.

Objects are phenomenal manifestations in mind of what noumenally I am : therefore all they can ever be is what I am, and they cannot, and have no need to, make contact with all they already are, ever were, and ever could be. ‘Contact’ is a relative concept which, like all relative concepts, is inapplicable to the absolute.

The notion of ‘me’ and ‘you’ being in any way different or separated from what they are, which I am, is untenable even in the logic of relativity within the limitations of which ‘we’ are confined in these discussions.

Therefore a conceptualised ‘I’ is not I at all ! And that is so because I am the source and origin of everything which appears to be, including the process itself of conceptualising. Therefore I cannot be conceptualised, since I cannot conceptualise what is conceptualising which ultimately I am.

What is there even apparently ‘mysterious’ about all this, all this so simple and obvious is-ness ? Indeed and surely, how and indeed however, could it possibly be otherwise ?