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Histoire de la Philosophie - La Philosophie Byzantine
Le monachisme ascétique oriental
Basile Tatakis
mercredi 26 septembre 2007
Extrait de « Histoire de la Philosophie », Fascicule supplémentaire - La Philosophie Byzantine, de Basile Tatakis
Il nous reste deux sources, précieuses à tous points de vue, pour la vie des ascètes ; ce sont l’Histoire Lausiaque de Palladius (Ve siècle) et le Pré spirituel de Jean Eucratos (Eucratos ou Eucratas, celui qui a un bon empire sur lui-même), dit Moschus (VIe-VIIe siècle). Dans le Pré spirituel surtout, qui devint une lecture favorite des Byzantins de l’ancienne Russie et d’autres pays, se dessine vivement la vie religieuse dans les monastères de Palestine. Cette pratique pieuse cherche à se systématiser, et nous avons déjà dans l’œuvre de Diadoque de Photiké (Ve siècle), Cent chapitres sur la perfection, un chef-d’œuvre de spiritualité, où l’auteur se charge de présenter la meilleure manière d’obtenir la perfection monastique. Dans un esprit analogue saint Dorothée (vie siècle) composa ses 24 conférences spirituelles d’un contenu mi-théologique, mi-ascétique, qui ont également joui d’une grande considération dans la vie monastique. Tout dans la vie du moine est organisé de manière à lui rappeler incessamment son devoir ; jusqu’à son vêtement qui est sans manchettes, pour lui crier qu’il n’a pas des mains pour commettre des mauvais actes ; toutes les parties du vêtement monastique symbolisent, chacune à sa manière, le but poursuivi. Nous avons là une influence manifeste de la symbolique du pseudo-Denys.
Un autre auteur ascétique est Jean de Carpathos, au sujet duquel on ne sait rien de certain ; selon toute probabilité il est contemporain de Maxime (VIIe siècle). Les traités ascétiques qu’il nous a laissés, fruits d’une rare expérience, sont tous rédigés sous forme de brèves sentences, pouvant aisément se retenir. Deux traits essentiels de son œuvre dénotent chez lui la spiritualité pré-byzantine que Maxime sut éviter. C’est d’abord le rôle prépondérant que le démon joue chez lui, analogue au rôle que celui-ci tenait au désert ; c’est ensuite l’opposition radicale entre l’hellénisme et la vraie philosophie, c’est-à-dire, le christianisme. Le disciple de Jean de Carpathos doit se considérer comme définitivement mort à l’hellénisme qu’il a abandonné.

