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LE MONDE EST FAIT D’HISTORIES

David Loy : Le « moi » que je me raconte...

Préface

mercredi 4 avril 2018

Extrait et traduit du Préface de David Loy Loy LOY, David , THE WORLD IS MADE OF STORIES.

Français

Ceux qui méditent connaissent les avertissements : « Ne vous cramponnez pas aux concepts ! » Nous devrions les laisser partir parce qu’ils déforment nos perceptions. Pourtant, les concepts en eux-mêmes sont des fragments, significatifs en tant que parties d’histoires. Le problème n’est pas les histoires elles-mêmes, mais la façon dont nous les relions. Nous ne voyons pas nos histoires comme des histoires parce que nous voyons à travers elles : le monde que nous expérimentons en tant que réalité est construit avec eux.

Que le monde soit fait d’histoires est en accord avec ce que le Bouddhisme dit à propos de la situation humaine et comment cela peut être résolu. L’histoire fondamentale que nous racontons et racontons est le soi soi-disant séparé et substantiel, mais composé des histoires que je « m’identifie » et que j’essaie de vivre. Différentes histoires ont des conséquences différentes. Le karma n’est pas quelque chose que le soi a, mais ce que le sens de soi devient, quand nous jouons nos rôles dans des histoires perçues comme réelles. À mesure que ces rôles deviennent habituels, les tendances mentales se fendent et nous nous lions sans corde.

Si le moi est fait d’histoires, qu’est-ce que cela implique de sa mort ? Si le monde est fait d’histoires, qu’est-ce que cela implique de sa vacuité, ce que le bouddhisme appelle shunyata ? Est-ce que nos histoires obscurcissent une envie de pouvoir qui sous-tend et motive ce que nous faisons, ou est-ce que le pouvoir lui-même est une histoire d’écran pour quelque chose d’autre ? Si l’illusion est une conscience coincée dans des pièges de l’attention, et que l’éveil libère la conscience, le chemin spirituel implique-t-il de trouver l’histoire correcte ou de se débarrasser des histoires ou d’apprendre à raconter une nouvelle histoire ?

Original

Those who meditate are familiar with the warnings : “Don’t cling to concepts !” We should let them go because they distort our perceptions. Yet concepts in themselves are fragments, meaningful as parts of stories. The problem is not stories themselves but how we relate to them. We do not see our stories as stories because we see through them : the world we experience as reality is constructed with them.

That the world is made of stories is consistent with what Buddhism says about the human predicament and how it can be resolved. The foundational story we tell and retell is the self, supposedly separate and substantial yet composed of the stories “I” identify with and attempt to live. Different stories have different consequences. Karma is not something the self has but what the sense of self becomes, when we play our roles within stories perceived as real. As those roles become habitual, mental tendencies congeal and we bind ourselves without a rope.

If the self is made of stories, what does that imply about its death ? If the world is made of stories, what does that imply about its emptiness, what Buddhism calls shunyata ? Do our stories obscure a craving for power that underlies and motivates what we do, or is power itself a screen-story for something else ? If delusion is awareness stuck in attention-traps, and enlightenment liberates awareness, does the spiritual path involve finding the correct story, or getting rid of stories, or learning to story in a new way ?