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THE SUFI PATH OF LOVE
Chittick : la forme et le sens
SEEING THINGS AS THEY ARE
mercredi 16 mai 2018
Extraits des page 19-23
Français
Rūmī n’a que de la pitié et du dédain pour ceux qui regardent le monde autour et en eux-mêmes et ne comprennent pas que ce qu’ils voient est un voile sur la réalité. Le monde est un rêve, une prison, un piège, de la mousse jetée de l’océan, de la poussière soulevée par un cheval qui passe. Mais ce n’est pas ce qu’il semble être.
Rūmī établit une distinction fondamentale entre « forme » (sūrat) et « sens » (ma’nā). La forme est l’apparence extérieure d’une chose, le sens sa réalité intérieure et invisible. En fin de compte, le sens est cette chose telle qu’elle est connue de Dieu Lui-même. Et puisque Dieu est au-delà de toute sorte de multiplicité, en dernière analyse le sens de toutes choses est Dieu. "La forme est l’ombre, le sens le Soleil" (Mathnawī VI 4747)
Le monde est alors la forme, ou une collection d’une myriade de formes. Par sa nature même, chaque forme affiche son propre sens, qui est sa réalité avec Dieu. C’est la tâche de l’homme de ne pas être trompé par la forme. Il doit comprendre que la forme n’existe pas pour elle-même, mais manifeste un sens au-dessus et au-delà de soi.
La dichotomie entre le sens et la forme est un pilier des enseignements de Rūmī et doit être constamment gardée à l’esprit. Il s’y réfère dans de nombreux contextes différents et à travers une grande variété d’images et de symboles. En fait, il n’y a pas de raison impérieuse d’étiqueter la dichotomie fondamentale dans la réalité comme celle entre « forme et sens », sauf que cette paire de termes semble être la plus large en application de toutes les paires que Rūmī emploie, et il s’y réfère probablement plus souvent que tout autre. En tout cas, nous ne devrions pas essayer de lier Rūmī de trop près en termes de terminologie. Le « sens » par définition est au-delà de la forme et de ses constrictions. Par conséquent, toutes les tentatives pour l’exprimer avec des mots doivent être équivoques dans une certaine mesure. Plutôt que d’imposer des définitions philosophiques strictes sur la terminologie de Rūmi, nous ferons bien mieux de le laisser parler pour lui-même en exhortant le lecteur à aller au-delà des définitions et des limites du langage humain.
Rūmī discute souvent de la dichotomie sens-forme en termes tirés de l’usage philosophique, et plus souvent encore dans les images et les symboles de la poésie. Quelques-uns des termes qu’il fait le plus souvent des paires sont sont les causes secondaires (asbab) et la Cause Première (musabbib), l’extérieur (zāhir) et l’intérieur (bātin), la poussière et le vent, la mousse et l’océan, l’image et le peintre, l’ombre et la lumière.
Original
Rūmī has nothing but pity and disdain for those who look at the world around and within themselves and do not understand that what they are seeing is a veil over reality. The world is a dream, a prison, a trap, foam thrown up from the ocean, dust kicked up by a passing horse. But it is not what it appears to be.
Rūmī draws a fundamental distinction between “form” (sūrat) and “meaning” (ma’nā). Form is a thing’s outward appearance, meaning its inward and unseen reality. Ultimately, meaning is that thing as it is known to God Himself. And since God is beyond any sort of multiplicity, in the last analysis the meaning of all things is God. “Form is shadow, meaning the Sun.” (Mathnawī VI 4747)
The world then is form, or a collection of a myriad forms. By its very nature each form displays its own meaning, which is its reality with God. It is man’s task not to be deceived by the form. He must understand that form does not exist for its own sake, but manifests a meaning above and beyond itself.
The dichotomy between meaning and form is a mainstay of Rūmīs teachings and must be kept constantly in mind. He refers to it in many different contexts and through a great variety of images and symbols. In fact, there is no overriding reason to label the fundamental dichotomy within reality as that between “form and meaning,” except that this pair of terms seems to be the widest in application of all the pairs Rūmī employs, and he probably refers to it more often than any other. In any case, we should not attempt to tie Rūmī down too closely [21] in the matter of terminology. “Meaning” by definition is beyond form and its constrictions. Therefore all attempts to express it in words must be equivocal to some extent. Rather than impose strict philosophical definitions on RūiriTs terminology, we will be much better off letting him speak for himself as he urges the reader to go beyond definitions and the limitations of human language.
Rūmī often discusses the meaning-form dichotomy in terms drawn from philosophical usage, and even more often in the images and symbols of poetry. A few of the terms he pairs together most commonly are secondary causes (asbāb) and First Cause (musabbib), outward (zāhir) and inward (bātin), dust and wind, foam and ocean, picture and painter, shadow and light.


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